Passionnée de voyage et de cuisine, Marion Gaborit a fait le tour du monde à la rencontre de micro-entrepreneurs. Aujourd'hui, elle nous rapporte l'histoire de Martha Cecilia, agricultrice en Équateur.
Martha Cecilia a 32 ans, elle est mariée à Luis Manuel depuis douze ans et a un garçon, Ismaël, et une fille, Adalia. Elle habite depuis sa naissance le village de Calancha, en Equateur, dans la province du Chimborazo. Martha Cecilia a commencé à travailler avec ses grands-mères dès l’âge de six ans. Toutes trois agricultrices, ses grands-mères et sa mère lui ont transmis les savoirs du travail agricole : sa grand-mère lui a appris le travail des champs, et sa mère la gestion d'un commerce.
Martha Cecilia n’a pas toujours été agricultrice, elle a aussi vendu des fruits à Guyaquil. Elle est allée à l’école, sait lire et écrire. Elle souhaite devenir infirmière et poursuivre le travail des champs comme complément, en espérant pouvoir concilier les deux. Le travail de la terre la rend autonome et lui permet de nourrir sa famille. C'est aussi une activité qui la détend.
Son travail dans les champs
Elle se lève très tôt, vers 5h, et prépare le petit déjeuner pour toute la famille. Elle va ensuite s’occuper des cochons et cochons d’Inde, traire et nourrir les vaches, récolter, en saison, les produits des champs. Ses outils sont peu nombreux : une pelle, un râteau et une machette. Martha Cecilia cultive l’orge, le quinoa, le blé, l’avoine, le maïs, les fèves, les pommes de terre, le seigle et encore le millet. Ils sont destinés à nourrir la famille et surtout à être vendus aux marchés voisins de Riobamba ou de Guamote. Les ventes ne sont pas très avantageuses en ce moment car les prix des produits ont beaucoup baissé et les bénéfices sont insuffisants pour vivre convenablement. Il lui arrive de travailler seule, ou avec la famille qui vit dans le village. Dans les communautés Quichuas, lorsqu’il y a un gros travail agricole à effectuer, tous les membres viennent apporter leur aide, pour les récoltes notamment. Ces travaux collectifs sont appelés "la minga" et chacun y participe de bon cœur.
Une année, lors d'un orage, le toit s’est écroulé et a tué tous les cochons qui vivaient en-dessous. Quelques temps après, une truie a mis bas mais dans la nuit qui a suivi, elle a tué et mangé tous les porcelets. A cause de cette perte énorme, je dors toujours auprès d’une truie qui vient de mettre bas pendant la première nuit.
Après le microcrédit ?
Grâce au microcrédit qu’elle a obtenu, par deux fois, de Babyloan, elle a pu construire la porcherie et acheter plus d’animaux. Le second microcrédit lui a permis d’acheter son terrain, construire sa maison et installer quelques meubles. Les revenus de Martha Cecilia ne sont pas fixes : il y a la vente du lait, des céréales et quand il lui faut vraiment une rentrée d’argent, elle vend un cochon ou des cochons d’Inde. En moyenne, elle gagne 100 dollars par mois. Ses conditions de travail pourraient être améliorées si elle avait plus d’argent pour investir : plus d’animaux, par exemple, ou des outils plus efficaces.
De plus, sa production serait bien meilleure si elle recevait des formations. Elle n’a pas eu d’autre apprentissage que celui dispensé par sa grand-mère. Quand un animal est malade, elle doit attendre que le vétérinaire soit disponible ou vienne dans le village. Si elle pouvait suivre des cours, elle serait plus autonome et sa situation en serait beaucoup plus confortable.
Quelques anecdotes...
Martha Cecilia ne trouve pas que son travail soit difficile et ne voit pas de différence entre un agriculteur et une agricultrice. Elle est capable d’effectuer seule, toutes les tâches agricoles. Lorsqu’elle n’est pas dans les champs, elle étudie beaucoup pour obtenir son diplôme d’infirmière et aime également aller à la messe, chanter et transmettre la parole de Dieu. Chaque dimanche, les femmes de la communauté décident de la couleur du châle qu’elles porteront pour l’office de la semaine suivante. Elles arrivent ainsi toutes en bleu, en pourpre ou en vert et entonnent, en quechua, les chants religieux.